LE CHOIX DU SILENCE

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3 octobre, journée de commémoration du naufrage de 2013.

Matin, une file de bateaux des gardes-côtes et de la guardia di finanza se rend sur les lieux du naufrage, pour poser sous les eaux une plaque commémorative. À bord, des représentants des autorités, des journalistes, des survivants et parents de disparus. La télévision montrent un peu plus tard les déclarations du gouvernement italien et du président du parlement européen, présent pour l’occasion. Ce qui est donné à voir à l’opinion publique européenne, c’est les gardes-frontières et les décideurs de la politique de fermeture des frontières, ordonnateurs de cette cérémonie compassionnelle. Alors qu’ils sont les responsables directs des morts à la frontière.

Les pêcheurs avaient été les premiers à arriver sur les lieux du naufrage du 3 octobre 2013. Ils ont refusé de participer à cette cérémonie. À leur demande, des commerçants ont fermé leur rideau en signe de deuil. Moins médiatique, mais plus digne.

Fin d’après-midi, cérémonie à l’église suivie d’une marche vers la Porta di Lampedusa. Il n’est pas clair au début si les rescapés et parents de disparus y sont acteurs ou figurants, même si on voit qu’ils vivent intensément ce moment. Un violent orage résout la question. Sous des trombes d’eau, seuls restent au pied du monument les exilés, concentrés sur leurs chants, et les personnes qui trouvaient sens à les soutenir.

L’évolution de cette journée de commémoration avec les officiels prenant la tête d’affiche devant les médias avait divisé les organisateurs du festival.